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Propriétaires ou locataires, ils ont vécu l'assaut du Raid contre leur immeuble où se réfugiaient Abaoud et ses complices le 18 novembre 2015. Traumatisés, démunis, hébergés en foyer, ils se heurtent à des murs administratifs et n'ont toujours pas réintégré leurs appartements.

Helena Lopez Tavarez ne dort plus. « A partir de 2 heures du matin, il faut que je surveille », dit-elle. Toutes ses nuits se passent désormais à guetter une menace. Les terroristes qui reviennent, les hommes en noir de la police, une explosion, des coups de feu. Elle ne peut plus prendre le tram sans subir de brusques accès de panique. A chaque fois qu'elle raconte ces moments, son récit s'emballe : « Oh la la ! J'ai vu la police, ils ont tiré vers ma maison ! » Une transe qui l'amène à revivre sans cesse les heures interminables de l'assaut. « Attendre la mort à chaque seconde, il n'y a pas plus horrible », gémit-elle. Elle va et vient dans l'appartement tandis que Léandro, son mari, passe son temps à balayer, comme s'il cherchait une occupation pour tromper son angoisse. Il n'entend plus d'une oreille : « J'ai des sifflements de ce côté. J'ai vu un spécialiste, on ne sait pas encore si ça va passer ou si c'est à vie. »